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09.11.2023 | www.kla.tv/27399
Les coups d'État militaires au Niger le 26 juillet et au Gabon le 30 août de cette année sont les plus récents d'une série qui a traversé l'Afrique de l'Ouest et le Sahel ces dernières années. Les politiciens et les médias occidentaux ont condamné ces renversements violents de gouvernement et exigent le retour des présidents constitutionnellement élus. La CEDEAO, alliance d'Etats africains connue pour être un allié occidental, a immédiatement exclu ces deux pays membres après leurs coups d'Etat et a même menacé de guerre le nouveau gouvernement du Niger. On a ainsi l'impression que le président renversé a gouverné son peuple de manière adéquate et que la population doit être sauvée des putschistes. Or, ces populations ont réagi aux putschs de manière totalement différente. Au Niger, au Gabon et également au Burkina Faso, ils acclament les putschistes militaires et célèbrent la destitution des anciens dirigeants. Comment expliquer cet enthousiasme ? Il est frappant de constater que les six derniers pays africains dont le président a été chassé par la force sont d'anciennes colonies françaises. Bien qu'autonomes depuis plus de 60 ans, ils restent aujourd'hui encore sous le diktat militaire, financier et économique de la France. 1. Militaire : La France a toujours des soldats stationnés dans ses anciennes colonies. Avec les Etats-Unis, ils exercent une influence sur l'armée nationale par le biais de programmes de formation pour les officiers africains. 2. Financier : En tant qu'anciennes colonies françaises, le Niger et le Gabon font partie des 14 pays d'Afrique de l'Ouest qui ont été obligés par la France de céder 85 % de leurs réserves de devises et 100 % de leurs réserves d'or. Ils doivent jusqu'à aujourd'hui conserver comme monnaie le franc CFA [= franc ouest-africain] de l'époque coloniale. Son taux de change est dicté par la banque centrale française, à l'avantage de la France : en 1994 par exemple, celle-ci a dévalué du jour au lendemain le franc CFA, ce qui a fait que les exportations des colonies ont perdu la moitié de leur valeur et que les prix des importations ont augmenté de 50 %. Il n'est donc pas étonnant que neuf des 14 pays de la zone CFA soient parmi les plus pauvres du monde, malgré leur richesse en matières premières. 3. L'économie : L'exploitation économique systématique et ses conséquences sont évoquées par le député européen Martin Sonneborn de la manière suivante : « Il n'y a pas une seule mine d'or en activité en France. Pourtant, cet (ancien) État colonialiste criminel, avec 2 436 tonnes d'or, possède les quatrièmes plus grandes réserves d'or du monde. Le Mali, (ancienne) colonie française, possède exactement 0,0 tonne d'or, bien qu'il possède plusieurs dizaines de mines (dont 14 officielles) dans le pays, d'où sont extraites pas moins de 70 tonnes par an. Sur les revenus de près de 60 tonnes d'or extraites par 600 000 enfants (selon les estimations) dans l'(ancienne) colonie française du Burkina Faso, seuls 10 % reviennent au pays, mais 90 % aux multinati-onales de l'orpaillage. [...] Le Niger, (ancienne) colonie française, possède les minerais d'uranium de la plus haute qualité d'Afrique et est le septième producteur d'uranium au monde, mais selon la Banque mondiale, 81,4 % de ses citoyens ne sont même pas raccordés au réseau électrique. 40 % vivent en dessous du seuil de pauvreté, un tiers des enfants ont un poids insuffisant et le taux d'analphabétisme est de 63 %. Seule la moitié des habitants a accès à l'eau potable, et 16 % seulement sont raccordés à un système d'assainissement adéquat. [...] Comment l'Afrique, qui dispose de tant de richesses, peut-elle être devenue le continent le plus pauvre du monde ? » Selon Sonneborn, le politologue Michael Parenti a une réponse très simple à cette question : « Les pays pauvres ne sont pas 'sous-développés', mais 'surexploités'. » De ce point de vue, les récents coups d'État apparaissent comme une tentative attendue de l'Afrique de se libérer du système d'exploitation et d'oppression. Le nouveau chef d'État du Burkina Faso, Ibrahim Traoré, parle des huit années qui ont précédé le coup d'État de 2022 comme la forme la plus barbare et la plus violente de néo-colonialisme impérial. Lors du sommet africain de juillet à Saint-Pétersbourg, Traoré a lancé un appel à tous les représentants des Etats africains pour qu'ils libèrent le continent de ce système. Il a déclaré : « Le problème, ce sont les chefs d'Etat africains qui ne contribuent en rien à la lutte des peuples et qui jouent la même partition que les impérialistes. Ils nous qualifient de « milices », d'hommes qui ne respectent pas les droits de l'homme. De quels droits de l'homme parlent-ils ? [...] Nous, chefs d'Etat africains, devons cesser de nous comporter comme des marionnettes qui sautent à chaque fois que les impérialistes tirent les ficelles. » Mais pourquoi les États africains ne se sont-ils pas libérés de ce système depuis longtemps ? Leurs présidents ne sont-ils vraiment que des marionnettes des intérêts occidentaux ? En regardant le passé plus récent, Arikana Chihombori-Quao, ancienne représentante de l'Union africaine aux États-Unis, explique que les dirigeants qui ont essayé d'obtenir le meilleur pour leur peuple ont été assassinés. Avant même qu'un président n'arrive au pouvoir, il existe pour lui des tabous : l'armée, les finances, les ressources naturelles. Il ne doit pas y toucher, car s'il le fait, il risque de ne pas survivre à la journée. Tant qu'il évite ces domaines, il peut gouverner comme il l'entend. Chers téléspectateurs, n'est-ce pas une moquerie lorsque les politiciens et les médias occidentaux parlent de préserver l'ordre constitutionnel, alors qu'en réalité, cela ne désigne que les présidents qui assistent impuissants au bradage de leur pays ? Dans ce contexte, la demande de réintégration du président nigérien n'apparaît-elle pas sous un tout autre jour ? De quel droit la CEDEAO, qui a menacé de faire la guerre au Niger juste après le putsch, exige-t-elle le maintien d'un ordre constitutionnel qui ne garantit pas une vie digne à ses habitants ? Il est évident qu'il ne s'agit pas ici de protéger la démocratie, ce que les pays occidentaux utilisent constamment pour justifier leurs actions sans scrupules, mais d'une politique économique et de pouvoir implacable pour laquelle la CEDEAO s'est corrompue, tout comme les politiciens et les médias occidentaux. C'est pourquoi nous devons tous cesser d'accepter ce système flagrant de „deux poids deux mesures“. Il est grand temps qu'un tribunal populaire international indépendant se mette en place afin de rendre justice et de demander des comptes aux coupables.
de jmr
https://fr.wikipedia.org/wiki/Forces_arm%C3%A9es_fran%C3%A7aises
Le système colonial français https://parstoday.ir/fr/news/africa-i123592-la_junte_accuse_la_france_de_pr%C3%A9parer_une_invasion_du_niger
Discours de Traoré : https://www.youtube.com/watch?v=_ztLT-_gzww