La technologie génétique est-elle vraiment la réponse aux problèmes de la faim dans le monde ?

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27.10.2015 | www.kla.tv/7006

Je vous souhaite une très cordiale bienvenue à notre studio de Zürich, bonsoir. La technologie génétique est généralement propagée comme la solution contre la menace mondiale de la faim. Les organismes génétiquement modifiés apportent-ils vraiment la solution espérée ? Une étude de l’institut américain Rodale, qui compare depuis 1981 les rendements de l’agriculture conventionnelle avec ceux de l’agriculture biologique, en vient à des résultats étonnants : dans l’agriculture biologique en Amérique du Nord, les rendements ne diminuent que dans les premières années après la reconversion. Mais ensuite, les rendements augmentent, jusqu’à atteindre un niveau égal et même supérieur à ceux de l’agriculture conventionnelle. Dans des périodes de sécheresse on peut même atteindre des rendements jusqu’à 30% supérieurs ! Et l’étude montre également que l’agriculture biologique nécessite environ 45% d’énergie en moins, émet 40% de gaz à effet de serre en moins et va finalement réaliser un bénéfice nettement plus grand que l’agriculture conventionnelle. En avril 2014, le président Dimitri Medvedev a déclaré que la Russie ne va plus importer d’aliments génétiquement modifiés, je cite: « Si les Américains aiment manger des produits génétiquement modifiés, alors nous les laissons en manger. Après tout nous ne devons pas faire la même chose car nous avons suffisamment de place et de ressources pour produire des aliments organiques. » Fin de citation. Jusqu’alors des plantes génétiquement modifiées avaient le droit d’être importées et vendues, à condition d’être étiquetées en tant que telles. La culture n’était autorisée que sous des conditions très strictes sur des champs d’expérimentation. Irina Ermakova, vice-présidente de l’association nationale russe pour la sécurité génétique, s’est exprimée sur ce sujet de la manière suivante : « Il est nécessaire d’interdire les aliments génétiquement modifiés et d’imposer un moratoire de dix ans. (…) Il est avéré que les aliments génétiquement modifiés représentent un danger, pas seulement en Russie, mais dans beaucoup d’autres pays du monde. Les processus de fabrication ne sont pas au point, et c’est pourquoi il faut classer tous les aliments génétiquement modifiés comme dangereux. (…) Les biotechnologies doivent sans aucun doute être développées, mais la propagation d’aliments génétiquement modifiés doit être arrêtée. » Fin de citation. Chers téléspectateurs, toute la question des aliments génétiquement modifiés est très controversée et loin d’être claire. Les uns voient la technologie génétique comme la solution à de nombreux problèmes, d’autres nous mettent en garde. La décision de la Russie montre en tout cas qu’il y a assez de capacités pour produire suffisamment d’aliments. L’étude américaine évoquée au début pointe également dans cette direction. Dans toutes ces discussions, deux risques fondamentaux de la technologie génétique ne sont souvent pas abordés. Premièrement les semences génétiquement modifiées sont protégées par des brevets, c’est-à-dire que tous les ans, les agriculteurs doivent de nouveau acheter ces semences auprès du producteur et n’ont pas le droit de les produire eux-mêmes. Cela les rend dépendants de grandes entreprises et il n’y a pas que les agriculteurs des régions les plus pauvres qui en souffrent financièrement. Dans l’agriculture biologique, c’est exactement le contraire: puisqu’ils n’utilisent que leur propres semences et quasiment pas d’engrais ni de pesticides, les agriculteurs partout dans le monde peuvent en vivre et restent indépendants. L’autre risque, c’est l’impossibilité de tout faire revenir en arrière. Les interactions écologiques dans la nature sont si complexes que les répercussions des plantes génétiquement modifiées sur tout l’écosystème ne peuvent pas être évaluées. Et si l’on découvrait un jour que les plantes génétiquement modifiées causent des dommages énormes à l’homme et à la nature, alors il serait déjà trop tard. Le matériel génétiquement modifié est déjà semé partout dans la nature et ne peut pas être enlevé. Chers téléspectateurs, voulons-nous vraiment prendre ce risque ? N’avons-nous pas plutôt un problème de distribution ? Les humains n’auraient-ils pas assez à manger, si les pays occidentaux ne détruisaient pas des tonnes de nourriture tous les jours? C’est avec cette question que je vous dis au revoir et vous souhaite une bonne soirée. A bientôt.

de hag./nm.

Sources / Liens : S&G Ausgabe 14/15 (2)&(3)