15ème AZK – Interview d’Erwin Thoma

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22.01.2019 | www.kla.tv/13744

Modératrice : M. Thoma, quel exposé ! A la fin vous avez reçu une ovation du public qui a vraiment été passionné par votre exposé. Comment c’était pour vous de parler ici pour la première fois à l'AZK et quelle a été la chose la plus impressionnante pour vous ? Erwin Thoma : Je n’étais jamais venu ici, je ne connaissais pas. Bien sûr cette atmosphère est géniale. Et ce qui m'a tellement enthousiasmé, ce sont les jeunes, les personnes plus âgées et les enfants, vraiment tous...Tu vois, ces groupes de différents âges, ces gens de tous les pays et de toutes les situations de vie, c’est vraiment super. Modératrice : J'ai vu que vous avez souvent donné des conférences ailleurs, dans quelle mesure ces événements sont-ils importants pour vous ? E. Thoma : Mon Dieu, je ne suis pas un conférencier. Ce n'est pas mon travail. Mais dans la mesure du possible, je suis heureux de transmettre ce que j'ai reçu. C'est une question de donner et de recevoir, et c'est ainsi que je vois les choses. Modératrice : Vous avez également dit dans votre exposé que vous étiez un outil qui veut transmettre un message. Quel est ce message que vous voulez transmettre à l’humanité ? E. Thoma : Eh bien, d'une certaine façon, je suis comme un ambassadeur pour les arbres. Mais… parce que c'est simplement... la nature a tant de choses à nous dire. On peut dire que la nature nous fait des cadeaux extraordinaires. Et c'est dommage que nous négligions souvent cela. Je ne veux pas le dire seulement dans le sens romantique, ou du moins dans le sens philosophique, mais bien dans la pratique. Si nous misons sur la nature, nous vivrons mieux. Ainsi tout devient un jeu d’enfant. Nous mettrons fin à la surexploitation, et nous arrêterons avec l'absurde économie du gaspillage. Nous trouverons des solutions complètement différentes. Je suis technicien, je viens de l'industrie de la construction, je m'occupe de la construction de maisons saines, sans déchets et énergétiquement autonomes. La plus grande contribution à la paix que l'homme puisse apporter, que chacun puisse apporter, c'est de se rendre indépendant. Il nous faut créer une bonne qualité de vie ici, et non que notre vie fonctionne seulement lorsque nous pillons d'autres peuples, d'autres pays. C'est pourquoi il est important de comprendre quels cycles nous avons, comprendre ce que la forêt nous offre, et de l’intégrer de façon pratique dans notre vie. Que je veuille concevoir ma chambre à coucher de manière à mieux dormir et à être en bonne santé, que je construise une maison pour la famille ou une maison de retraite, que ce soit une question de nutrition, ou que je fasse un onguent pour ma blessure, il y a tant de façons de laisser entrer les bienfaits de la nature dans notre vie. Modératrice : Vous avez parlé du fait que vous avez eu des critiques répétées à propos de vos livres. De quel genre de critiques s'agissait-il, et de quel côté cela venait-il le plus souvent ? E. Thoma : Oui, bien sûr, quand j'ai commencé et comme j'étais jeune… j'étais aussi très impétueux et très peu diplomate, c’est normal quand on est jeune et ça doit être comme ça. Et bien sûr, j'ai... j'ai été stupéfait lorsque j’ai compris ce que faisait l'industrie dans le secteur du bâtiment. On y utilise des produits chimiques toxiques sans hésitation. Je suis dans l’industrie du bois et là on emploie de la colle, et des matériaux d’imprégnation agressifs. Et j'ai critiqué cela de façon impétueuse et je l'ai appelé par son nom, et ce n'est bien sûr pas bon de critiquer les concepts commerciaux qui rapportent des milliards. Dans ma jeunesse ou au début de ma carrière, il était courant d’utiliser des produits de protection du bois hautement toxiques, alors qu’on savait exactement que le produit était cancérigène, et on connaissait toutes les conséquences négatives pour l'homme et l'environnement. Et nous avons dit « c'est de la folie, vous ne pouvez pas faire ça ». Aujourd'hui de toute façon ces produits n'existent plus. Mais jusqu'à ce que ce soit connu, tu es combattu. Il en va de même pour ma critique des colles et de la chimie du bâtiment. Nous montrons qu’on peut construire une maison au plus haut niveau technique, au plus haut niveau de nos standards, sans technologie compliquée, sans matériaux isolants, sans produits chimiques. Et c'est la meilleure chose à faire. La critique qui s'exprime de manière théorique est précieuse, mais elle l'est encore plus quand elle est vécue, quand elle est mise en pratique, et prouvée par un exemple. Modératrice : Et qu'est-ce qui vous motive, ou qu'est-ce qui vous a motivé, à continuer, même si vous aviez un vent contraire, et d’où vous venait la force pour le faire ? E. Thoma : Nous avons eu des enfants, et j'ai toujours dit à ma femme que nous devions le faire pour nos enfants et pour tous les enfants de ce monde. Nous avons reçu un monde intact, une création intacte, et en plus lorsque vous recevez quelque chose gratuitement, alors vous avez aussi le devoir de veiller sur cela. Et nous avons toujours été fermement convaincus que ce n'était pas le but de la vie de gagner un maximum d'argent, mais que – je ne suis pas contre l'argent, bien sûr vous devez garder votre économie en ordre – mais le véritable but est de chercher et de trouver d'autres valeurs dans la vie. Modératrice : Vous avez reçu beaucoup d'applaudissements quand vous avez dit cette phrase : « Les arbres sont les plus forts et ceux qui ont le plus de capacité de survie, ce sont ceux qui donnent le plus. » Selon vous qu’est-ce qui a enthousiasmé le public dans cette phrase ? E. Thoma : Je crois que de plus en plus de personnes sont conscientes à différents niveaux, sur le plan écologique, spirituel, ou simplement sur le plan du cœur avec leurs semblables, que les concepts qui nous sont présentés aujourd'hui, concepts d'une économie du gaspillage, que j’ai mentionnés, sont des concepts où l’être humain, l’individu, est vu seulement comme un facteur de production ou un consommateur. Les gens pensent que ce n'est pas la voie à suivre, et qu'elle ne nous fera pas avancer en tant qu'humanité, mais qu'elle nous fera reculer. Et je pense que c’est pour cela que nous cherchons tous des alternatives. Et l'une des grandes alternatives vécue, vécue avec succès, c'est la nature elle-même. La nature vit une économie de recyclage, et cela bien que, de notre perspective, les situations nous paraissent effroyables, mais en fin de compte, même les faibles sont aidés. On y agit ensemble en tant qu’organisme et non comme une société compétitive d’individualistes. Et ce sont là des exemples encourageants, auxquels nous pouvons réfléchir et les intégrer dans notre vie quotidienne. Modératrice : Vous avez mentionné beaucoup de choses qui sont vraiment très fascinantes dans la forêt, et dont nous pourrions aussi prendre exemple. Quelle est, ou quelle serait selon vous la chose la plus importante, ou comme prochaine étape, que nous devrions apprendre en tant qu'humanité ? E. Thoma : Je crois qu’il y a tellement de choses, mais le plus important est que nous comprenions que nous ne sommes pas seuls et isolés. Nous sommes connectés à tout. Nous ne sommes pas isolés, abandonnés et pas aimés, nous sommes une partie aimée et significative de l'ensemble. Et quand je ressens vraiment cela en moi, les peurs s'éloignent de moi, je deviens capable d'agir, je deviens aussi capable d'agir pour le bien commun, pour les autres, pour la solidarité. Modératrice : Merci beaucoup pour cette interview et je vous souhaite beaucoup, beaucoup de succès. Merci. E. Thoma : Aussi pour vous, et pour nous tous. Merci. Modératrice : Merci.

de Dr. Ing. Erwin Thoma

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