Peter König : « Les sanctions sont une chance pour l’Iran »

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06.02.2018 | www.kla.tv/11881

Opinion non déguisée : aujourd'hui avec Peter König Le 14 juillet 2015 les cinq membres de l’ONU qui ont le droit de veto, la Russie, la Chine, les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France ainsi que l'Allemagne ont signé avec l'Iran le JCPOA – en français : « Plan global d’action conjoint ». Par ce traité, Téhéran autorise que son programme atomique soit contrôlé jusqu'en 2025 par l'administration d'énergie nucléaire internationale dont le siège est à Vienne. Le traité prévoit de limiter la quantité de l'uranium à usage militaire et les possibilités d’en faire de l’uranium enrichi en Iran. De plus le réacteur à eau lourde d’Arak doit être transformé car parmi ses produits résiduaires il y a du plutonium utilisable pour des armes nucléaires. En contrepartie les sanctions contre l'Iran ont été levées. C’était, aussi d’un point de vue diplomatique, un traité international important avec l'Iran, isolé depuis 1979. Ce jour a été considéré comme un jour historique par le monde entier – sauf par le gouvernement israélien sous Benjamin Netanyahu. Récemment, ce traité a été une fois de plus qualifié de « mauvaise affaire » par le président des États-Unis Donald Trump et menacé d’être dénoncé unilatéralement par les États-Unis. Mais déjà avant, de nouvelles sanctions avaient été imposées par les Etats-Unis, violant ainsi fondamentalement le traité avec l'Iran. Le conflit porte avant tout sur le programme de fusées de l'Iran qui gêne énormément les alliés des États-Unis au Proche et Moyen-Orient. Cependant suite à l'objection de la représentante de l'UE pour les Affaires étrangères Federica Mogherini et la pression de l'Allemagne et de la France, le traité reste formellement valable. Les deux pays ont conclu avec l'Iran des accords économiques bilatéraux à hauteur de milliards de dollars. Malgré ce fait réjouissant, le rapprochement de Téhéran avec les pays occidentaux recèle aussi des risques considérables, explique Peter König, économiste reconnu et analyste de géostratégie. König a été pendant 30 ans collaborateur à la Banque mondiale où il voulait contribuer à combattre la pauvreté dans des pays en voie de développement. Or il a dû constater que l'oligarchie financière des États-Unis qui se trouve derrière les banques de développement exploitait ces pays avec des méthodes criminelles et frauduleuses. C'est pourquoi König considère la sortie du système du dollar comme la meilleure possibilité d'échapper à la tutelle mondiale des États-Unis. Il appelle cela « l'économie de la résistance ». Plusieurs pays, comme la Russie ou le Venezuela, auraient déjà pris ce chemin malgré de nombreuses difficultés. En fait, selon lui, les sanctions sont donc une occasion bienvenue, c’est-à-dire un tremplin pour la croissance nationale et l'autarcie. Ainsi, par exemple, le président de la Russie Poutine a dit que les sanctions contre son pays avaient été la meilleure chose qui leur soit arrivée depuis le déclin de l'URSS. Certes, il y a eu entre-temps des années de vaches maigres, mais cela a amené la Russie à ranimer le secteur agricole, l’industrie et la science. Au cours des deux dernières années, la Russie est devenue le premier exportateur de céréales du monde, elle a renouvelé ses installations industrielles et a pu compenser ce que l'Ukraine, désormais tournée vers l’UE, lui fournissait auparavant. La Russie collabore par l’intermédiaire de l’Organisation de coopération de Shanghai (SCO) avec la Chine et d’autres pays, sortis du pétrodollar, en leurs devises propres, partiellement couvertes par l'or. Selon Peter König l'Iran devrait faire de même, plutôt que de faire faire des fausses bonnes affaires de milliards de dollars avec l'Allemagne et la France, car l'Occident a prouvé qu'en géopolitique il n'est pas digne de confiance. Voici sur ce sujet, dans la rubrique « Opinion non déguisée », la déclaration claire de Peter König : « Mon humble conseil au gouvernement iranien pour 2018 et au-delà : Poursuivez l'économie de la « Resistance Economy » et concentrez-vous sur la production locale pour les marchés locaux, en monnaie locale et par l'intermédiaire du gouvernement local ou des banques publiques pour le bénéfice de l'économie nationale. C'est un des principes de « l’économie de résistance ». Elle inclut la substitution des importations à grande échelle, y compris l'utilisation de son propre domaine de « recherche et développement ». Restez le plus loin possible des relations commerciales, professionnelles et bancaires avec l'Occident, et évitez le FMI et la Banque mondiale. Concentrez-vous sur l'Est, sur l'Organisation de coopération de Shanghai* (OCS) et sur certains pays du BRICS** en matière de relations extérieures et de commerce, ainsi que, pour l'aide au développement, sur la Banque asiatique d'investissement dans les infrastructures (AIIB). L'avenir est définitivement à l'Est, et en tant que membre de l'OCS, l'Iran fait déjà partie de l'Est, parce que l'initiative « One Belt Initiative » (OBI) de la Chine inclut l'Iran. Il s'agit d'un programme de plusieurs billions de dollars qui dominera l'économie dans les siècles à venir. Utilisez votre propre argent, pas les devises occidentales, surtout pas le dollar américain ou son dérivé, l'euro. Suivez l'exemple de la Russie et de la Chine, qui sont sorties de la zone du dollar, et, si nécessaire, développez une monnaie nationale crypto-réglementée contrôlée par le gouvernement pour le commerce extérieur afin de contourner les sanctions occidentales – voir le Venezuela. N'oubliez jamais que Washington... – chaque fois que vous choisissez un objectif pour vous-mêmes – comme le dit avec tant d’éloquence l'Ayatollah, dans ce cas l'Iran, la Syrie, le Liban et en Asie la Corée du Nord et la Chine – ces pays ne vous lâcheront pas. Par contre avec Washington, qu'il y ait un traité de paix ou qu'il y ait eu un accord de leur part, peu importe, on ne peut faire confiance à rien, absolument rien de ce que Washington dit, même si c’est accompagné de signes ou de promesses. La guerre en Syrie, par exemple, n'est pas « terminée », comme on a voulu nous le faire croire lorsque Poutine a dit que la Russie retirerait ses troupes. Il suffit de regarder la base militaire américaine d'Al-Tanf, en Syrie, une base américaine installée en Syrie en toute illégalité. Les États-Unis n'ont jamais été invités en Syrie. Mais ils ne se contentent pas d'étendre leur base, ils forment également de nouveaux groupes terroristes de l’EI pour combattre Damas. L'Iran vaincra. L'Iran n'est pas seul. L'Iran a une alliance orientale puissante, y compris la Russie et la Chine. M. Trump et ses partisans le savent. » *inclut la République populaire de Chine, la Russie, l'Ouzbékistan, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan, l’Inde et le Pakistan ; la Mongolie, l’Iran, l’Afghanistan et la Biélorussie ont le statut d'observateur **signifie le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine et l'Afrique du Sud

de sl.

Sources/Liens : https://www.globalresearch.ca/iran-at-a-dangerous-crossroads/5624922
https://de.wikipedia.org/wiki/Iranisches_Atomprogramm#Einigung
http://www.bbc.com/news/world-middle-east-33521655